Accompagner les autres ne s’improvise pas

Publié le 18 mai 2025 à 08:17

Aujourd’hui, on voit fleurir un grand nombre de formations et de publicités promettant une reconversion facile dans des métiers du bien-être ou de la spiritualité, avec des messages du genre :

"Si vous aimez la spiritualité et souhaitez faire le bien autour de vous, devenez Facilitateur Spirituel..."
"Découvrez des soins puissants, méconnus en Occident, pour transformer votre vie et celle des autres tout en gagnant confortablement votre vie..."

Ces offres répondent à un besoin réel de sens et d’alignement personnel, surtout dans une époque où de nombreuses personnes cherchent à quitter des environnements de travail stressants ou déconnectés de leurs valeurs. Ce besoin est légitime. Le problème, c’est l’illusion créée : celle qu’un stage de quelques heures ou une formation express suffirait à devenir un professionnel capable d'accompagner les autres dans des moments parfois très vulnérables.

J’en parle en connaissance de cause : j’ai moi-même suivi l’une de ces formations durant le confinement. Elles sont redoutablement efficaces… pour apprendre à construire une offre séduisante et la "vendre". Ces techniques sont d’ailleurs très utiles – et parfois nécessaires – pour des professionnels aguerris, qui ont déjà 20 ou 25 ans d’expérience dans leur domaine, et qui cherchent simplement à structurer ou valoriser ce qu’ils font.

Mais aujourd’hui, ces approches marketing se substituent souvent à un réel métier, à un savoir-faire patient, longuement acquis, fondé sur une pratique encadrée. On voit de plus en plus de personnes se lancer dans l’accompagnement des autres après avoir suivi une méthode ou un stage de quelques jours. Parce qu’elles ont elles-mêmes vécu une transformation personnelle, elles pensent pouvoir transmettre cette expérience. Or, vivre une transformation et accompagner celle d’autrui, ce n’est pas du tout la même chose.

Ce glissement est dangereux. Il fait croire qu’il suffit de "se sentir appelé.e" pour devenir légitime à guider, aider, soigner ou inspirer. Pourtant, s’occuper de personnes en souffrance – qu’il s’agisse de souffrances physiques, émotionnelles ou spirituelles – demande un profond travail personnel, une formation sérieuse, un cadre déontologique clair, et souvent des années de supervision.

Et il est important de le rappeler : se former, ce n’est pas suivre quelques stages en amateur ou accumuler des expériences personnelles, aussi sincères soient-elles. Se former, c’est s’engager dans un véritable dispositif structuré, avec une pédagogie progressive, un encadrement rigoureux, des mises en pratique supervisées, et une éthique clairement définie. Dans la plupart des métiers d’accompagnement sérieux, une formation digne de ce nom dure au minimum trois ans. Trois années faites d’apprentissage, de pratique, de réflexion critique, et de transformation encadrée – pas seulement vécue.

Il ne s’agit pas de dénigrer l’élan sincère de ceux qui veulent aider. Mais il est essentiel de faire la différence entre compléter des compétences existantes lorsqu’on est déjà expert dans un domaine et s’improviser professionnel sur la seule base d’un vécu personnel ou d’un outil appris en accéléré. Accompagner l’autre est un métier.

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